Lugnasad est célébrée le 4 août, c'est donc une fête dite "lunaire". Elle s'est incarnée depuis l'Antiquité, dans les grandes foires d'été et dans les "fêtes de l'âme" comme les décrivait l'écrivain Charles Le Goffic. Ce rituel religieux est généralement accompagné de pratiques et croyances traditionnelles d'inspiration peu orthodoxe (dévotion et médecine populaires, prophylaxie du bétail, recherches de présages, etc.) de fêtes profanes (boutiques de plein vent, lutte bretonne, débit forain, jeux traditionnels) et ses plaisirs collectifs parmi lesquels, en bonne place, la danse et la musique bretonne...
Cette Fête a également survécu en Suisse en tant que fête nationale où l'on célèbre les héros et particulièrement Guillaume Tell. Il est un héros légendaire des mythes fondateurs de la Suisse. Selon les écrits, Hermann Gessler, bailli impérial de Schwytz et d'Uri — au service des Habsbourg, qui tentent de réaffirmer leur autorité sur la région — fait ériger un mât surmonté de son chapeau, et exige que les habitants le saluent comme s'il était effectivement présent. Guillaume Tell passe devant le chapeau en l'ignorant. Gessler le condamne alors à tirer un carreau d'arbalète dans une pomme posée sur la tête de son fils (Walter). Par la suite, Tell tue Gessler d'un carreau d'arbalète en plein cœur alors qu'il passait dans le chemin creux (Hohle Gasse) situé entre Küssnacht et Immensee.
Dans le Druidisme, les Lugnasad ont un double sens :
* la Fête où Lug est attiré (Lug-na-Sad), donc où le savoir est partagé ;
* la Fête où la Puissance mâle royale (Lug) est attirée par la Souveraineté (Korridwen), emblème de la Reine.
Le couple royal n'est couronné, reconnu comme tel que quand il a donné des signes tangibles de son efficacité : que les récoltes ont été bonnes et que suffisamment de jeunes animaux sont nés au sein des troupeaux. Que la Reine a été reconnue comme féconde autrement dit, à entendre à tous niveaux...
Dans la Roue de l'Année, Lugnasad fait par ailleurs face à Imbolc, fête de la Quête de Connaissance. C'est-à-dire que la Fête du 4 (l'humanité) fait face à Celle du 8, des déesses présidant à la fête d'Imbolc.
Quand, dans n'importe quelle spiritualité, on fait appel à la "Mère Divine", on a bien raison, car elle seule peut sauver la Terre, et c'est cela que nous allons célébrer par le rite des Lugnasad.
Retrouvons un échange honnête avec notre Terre-Mère, notre Déesse à tous ! Avec l'exploitation arrogante de sa planète, l'Homme est loin d'un échange honnête. Que cela finisse par une bonne fièvre pour notre planète, ne fait que rétribuer un vol manifeste, perpétré depuis trois siècles par l'Occident, et étendu à toute la planète maintenant. C'est la rançon d'un comportement sans éthique, parce que sans échange.
1. Sur la Souveraineté
Qualité qui était attendue d'une Reine, le terme "Souveraineté" est resté longtemps mystérieux aux religieux machistes. Cette souveraineté celte peut être rapprochée de "l'audace féminine" des Etrusques...
C'est la puissance féminine qui repose sur :
- la vision à long terme
- la reliance à l'énergie vitale (la Vouivre) de la Terre-mère
La Reine est cette femme magique, Morgane dans le mythe. Plutôt que Guenièvre... mièvre.
Quand un peuple abandonne sa souveraineté (ses traditions, ses racines...) il abandonne aussi sa propre puissance de vie. La souveraineté d'un peuple réside dans ses caractéristiques personnelles, dans ses particularités qui font à la fois son identité et sa richesse. Mais que sont devenus les peuples aujourd'hui ? Un ensemble de citoyens, asservis par des impôts trop lourds, volés pour financer les exactions de nos dirigeants et tous les minables qu'ils traînent à leurs basques, qu'ils ne veulent pas voir progresser car ils s'assurent ainsi des bulletins de vote.
Bien sûr, ce qui précède vaut aussi bien pour les femmes que... pour les hommes. Et quant au Royaume (et son peuple) en question, sur lequel il s'agit de régner en toute conscience, il s'agit bien aussi de notre Être... Sommes-nous bien le capitaine de notre âme ? Sommes-nous bien le souverain de nos pensées, émotions, actions ? Dilapidons-nous notre "argent" sans vergogne (notre énergie vitale) ? pour le profit de... qui, quoi ? ;-)
2. Lugnasad en tant qu'échange du Savoir
"Lug Na Sad" signifie "ce qui attire Lug", "ce qui rassemble autour de Lug". C'est la définition de "foires", aussi bien au sens profane qu'au sens religieux. Les biens de la terre étaient échangés, les artisans proposaient leurs œuvres et on échangeait des nouvelles, les in-formations.
Lug veille sur l'acquisition des choses et des connaissances puis sur leur transformation : transformation des connaissances (= assimilation), transformation de la matière première en objets travaillés. Cela concerne particulièrement l'Alchimie : les fermentations sont des processus de type alchimique (pain, vin, bière...)
Lug est surnommé le polytechnicien, celui qui possède toutes les techniques. Qu'est-ce qu'une technique ? C'est un savoir dont on peut faire quelque chose. C'est aussi un engendrement, ainsi que la langue grecque décrit la chose. Technon est aussi bien une chose que l'on a créée de ses mains (selon une recette préétablie), qu'un fils engendré. Cela diffère de poièsis, un objet créé sans qu'il y ait de précédent... création pure, nouveauté.
Lug veille donc sur les choses qui ont fait leurs preuves, il veille aussi à leur transmission, d'où l'importance des "lieux" où on se retrouve d'années en années, pour partager... Notons enfin que savourer avec gourmandise les bonnes choses de la vie (les choses simples, naturelles), c'est cela, capter la Vouivre : ressentir dans son corps la richesse de la Vie... La Vouivre de l'Occident, la Kundalini de l'Orient, c'est la Vitalité qui monte en soi dés que la vie est magnifiée, dés que la Beauté est perçue, dégustée.
3. Le Couronnement de Lug et de Korridwen
Lug (le Savoir) est attiré par Korridwen (le Féminin intérieur qui rayonne la "Souveraineté").
Ce qui attire Lug en tant que Prince est la souveraineté de Korridwen, le savoir de Korridwen pour entretenir la bonne chance sur le Royaume, que le Roi est prié de garantir. Cette Fête des Lugnasad matérialise l'équation magique : Savoir + Energie = Vie. S'il manque un terme, c'est la mort. Les savants sans énergie sont la proie des "Attila" et les "Attila" sans connaissance se précipitent dans le premier tombeau venu... en entraînant les crédules et les faibles avec eux !
Dans le couple Lug-Korridwen, Lug possède le savoir et Korridwen l'énergie. La Femme détient par nature (quand sa nature n'a pas été massacrée...) l'énergie vitale. Ainsi, la nourriture qu'elle prépare dans son chaudron augmente la vie.
La fin de la vie et le commencement de la survie ont commencé avec la défaite de la femme, et pour les Celtes, elle a commencé avec le mauvais mariage du roi Arthur. Les envahisseurs chrétiens l'ont obligé à épouser Guenièvre, une princesse chrétienne qui n'apporta que du malheur du Royaume. Elle ne détenait pas la Souveraineté, l'aptitude à faire monter à la surface de la terre l'énergie tellurique et les champs s'appauvrirent... Elle était stérile et ne donna pas d'héritier ou d'héritière au royaume et, comble de malchance, elle devint amoureuse d'un des chevaliers du roi.
Medrawt le fils qu'Arthur eut avec sa sœur fut alors fondé à réclamer le royaume car le roi avait fait preuve de sa faiblesse en ne répudiant par une épouse stérile, et pire encore, une femme incapable de Souveraineté. On sait comment cela se termina : l'épée Excalibur fut brisée ou, en tout cas, ébréchée, et la lumière Celte s'endormit pour des siècles...
Le roi Arthur épousa - pour des raisons de basse politique - une reine ignorante, Guenièvre. Ce n'est pas chez les moines chrétiens qu'elle a pu apprendre les secrets de la Souveraineté. Elle n'a donc rien apporté en dot à Arthur, hormis son joli corps, ce qui est sans doute suffisant pour une concubine mais ne peut l'être pour une Reine. La sœur d'Arthur -elle- détenait la Souveraineté, le savoir que toute fille royale recevait en enseignement, de manière à assumer son éventuel rôle de reine d'un royaume. Quand Aïcha, jeune veuve du Prophète Mohammed, prit la tête des troupes et assuma le commandement en chef de l'armée pendant un périple de près de 2 000 km, elle fit preuve de Souveraineté au sens Celte. Elle fit donc preuve du Savoir nécessaire pour rallier un Unité un grand nombre de personnes, pour insuffler la Foi dans leur Mission et la confiance dans les bonnes circonstances qui protègent tout projet qui va dans le sens de la Vie.
In Lakesh,
Tau Sextus J. Africanus