Imbolc


En ce jour d'Imbolc, un cercle druidique nous propose cette méditation guidée...

Vous êtes debout à l'orée d'une forêt. Après trois grandes et profondes respirations, vous décidez de faire quelques pas pour pénétrer dans le bois. La végétation y est dense, les branches et brindilles sont prises dans la glace, formant ça et là quelques stalactites. Il se peut même qu'il pleuve d'une pluie légère mais très froide, et que quelques flaques soient gelées et glissantes. La lumière pénètre peu sous la canopée, et vous avez le sentiment d'avoir devant vous un espace impénétrable. 

Après quelques temps d'attente, vous entendez du bruit devant vous. Les bruits sont de plus en plus forts, jusqu'à ce que se présente à vous un Cerf majestueux. Il connaît parfaitement cette forêt et semble vous inviter à le suivre, ce que vous faites.

Vous voilà donc marchant dans les traces du Cerf, qui sait slalomer entre les arbres et les arbustes. Vous pénétrez ainsi de plus en plus profondément dans la forêt, toujours aussi dense, toujours aussi sombre. Vous vous apercevez que vous progressez en montant, comme si le centre de la forêt était une légère colline.

En marchant, vous ressentez les branches qui frottent contre vos épaules, qui se prennent un peu dans vos cheveux. Soyez attentifs à ce qui se passe autour de vous, et notez par exemple si vous apercevez ou entendez d'autres animaux.

Arrivé en haut de la colline, le Cerf se décale et libère un sentier devant vous qui, en quelques pas, vous conduit dans une vaste clairière au sol terreux mais stable. Le soleil y rayonne de toute sa puissance, et la pleine lumière baigne ces lieux.

Le centre de la clairière est occupé par un grand Feu, à côté duquel se trouve une fontaine d'où s'échappe un fin ruisseau qui s'enfonce dans la forêt. Ce Feu et cette fontaine sont gardés par neuf Femmes dont vous ne voyez pas les visages, huit sont vêtues de blanc et une est vêtue de couleur or. Celle-ci vous invite à approcher du centre de la clairière et vous vous retrouvez au bord du bassin. L'Eau y est claire et fraîche, et la surface du miroir d'Eau est régulièrement troublée soit pas une bulle remontant du fond du bassin, soit par une noisette tombant d'un des coudriers bordant la fontaine. Lorsqu'elle tombe dans l'Eau, la noisette est aussitôt happée par un Saumon.

Une des femmes en blanc passe derrière vous et commence à vous retirer délicatement vos vêtements. Vous êtes en confiance, vous vous laissez faire. Vous vous étonnez d'ailleurs de ne pas souffrir du froid malgré les rigueurs de l'hiver...

Nu, vous vous glissez doucement dans le bassin. Vous êtes saisi par l'Eau froide, mais sa température est largement supportable. Vous glissez dans cette Eau, au milieu des bulles et des Saumons qui longent votre corps en le caressant. Vous vous laissez encore glisser dans cette Eau, jusqu'à y plonger la tête. Votre corps entier est ainsi lavé par cette Eau particulière. Les Saumons, en frôlant votre peau, semblent aussi participer à ce nettoyage. Soudain, une noisette tombe dans le bassin et aucun Saumon ne s'en saisit. Elle flotte devant vous, et sur invitation de la Femme vêtue couleur or, vous prenez cette noisette et la mangez. Vous prenez le temps de la mâcher, et en la mâchant vous prenez le temps de découvrir sa texture et tous les parfums qui s'en échappent. Après l'avoir avalée, vous vous relevez et vous sortez du bassin en ayant le sentiment  d'être complètement lavé et revigoré. C'est comme une renaissance.

Une autre Femme en blanc vous invite cette fois à vous approcher du Feu. Vous sentez sur tout votre corps la douceur de sa chaleur et votre peau sèche rapidement. Vous sentez qu'en s'évaporant, l'Eau emmène avec elle les dernières scories de cet hiver. Vous sentez aussi que la chaleur et la lumière des flammes poursuivent l'œuvre de vivification initiée par l'Eau, et vous sentez cela agir au plus profond de vous-même. Vous vous tournez sur vous-même pour bien sécher l'intégralité de votre être.

Une troisième Femme en blanc vous apporte de nouveaux vêtements, que vous endossez tranquillement auprès du Feu. Elle vous apporte les anciens, qu'elle vous invite à jeter dans les flammes. En les regardant brûler, vous voyez également brûler tout ce qui, durant ce long et dur hiver, a entravé votre marche, vous a fait souffrir, tout ce sur quoi vous avez butté. Il se peut même que certains freins soient là depuis fort longtemps. Après avoir pris conscience de cet effet libératoire, vous prenez pour vous-même l'engagement de dépasser ces limitations et de poursuivre la route que vous vous tracez vous-même, et pour vous-même.

Après quelques instants de silence, vous prenez conscience d'être plus léger, plus libre, plus mobile, mais aussi plus ouvert aux expériences à venir et à la vie, aux temps qui sont devant vous. Vous comprenez alors que ce qui ralentît le plus votre marche, ce n'est pas tel objet ou confort qui vous manque ou tel autre, mais plutôt tout ce que vous possédez d'inutile et d'encombrant que vous emmenez avec vous, toujours et partout. Alors déposez-là ces bagages inutiles, surtout s'il s'agit de choses qui ne vous font pas du bien. Vous saluez les neuf Femmes.

Puis le Cerf vous appelle et vous comprenez qu'il est temps de quitter ce monde et de revenir au vôtre. Vous empruntez alors le chemin par lequel vous êtes arrivé, pénétrant à nouveau dans l'obscure et dense forêt. Vous avancez derrière le Cerf, toujours attentif.

Peu à peu vous sentez que vous redescendez la colline, les branches frôlant toujours vos épaules et vos cheveux. Vous descendez tranquillement, en suivant la trace que le Cerf ouvre devant vous.

Après quelques instants, vous commencez à reconnaître les lieux, jusqu'à ce que le Cerf marque une halte à l'endroit même où il était venu vous chercher. Après l'avoir salué et lui avoir exprimé votre gratitude, vous franchissez seul les quelques mètres qui vous font sortir de cette forêt.

Là, vous prenez quelques minutes pour intégrer au plus profond de vous-même l'expérience que vous venez de vivre.

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