Modra Necht


… l’hiver s’installe, avec le froid voire le gel, et la neige. Les arbres ont tous ou presque perdu leur verdure, et leurs branches vides s’élancent vers le ciel comme autant de bras décharnés.

Les animaux sont tapis au fond des taillis ou emmitouflés dans leurs nids. On n’entend rien ou presque en forêt, juste le vent dans les branches… Mais certains ruisseaux peuvent sembler s’arrêter, fixés par le gel. Le givre peut s’agripper aux branches des arbres, et faire reluire de mille feux les quelques rayons de soleil qui parviennent à sortir de la grisaille. Le ciel est bas, le brouillard peut ne pas se lever, et la durée des jours est à son minimum.

Pourtant, alors que tout semble mort et désolé telle la Terre Gaste des récits arthuriens, en-dessous il se passe des choses… La vie, morte en apparence, a déjà repris dans le noir et le froid de la Terre. Elle n’est certes pas démonstrative, mais elle est bien présente. C’est par exemple elle qui force le germe à sortir de la graine et à commencer à s’élever vers la surface du sol. Qu’est-ce qui peut bien pousser cette graine à germer ? Qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné ce germe la transperce comme une carapace dont on se libère ? Qu’est-ce qui fait que le germe va assurément évoluer vers la surface du sol ? La Tradition des Druides nous propose d’y répondre par l’existence de Nwyvre, la Force de Vie, l’impulsion première et divine qui relance chaque année le cycle de la vie et des existences. C’est avec cette Force que la Roue de l’Année nous invite à travailler, c’est avec elle qu’elle nous invite à bâtir nos existences comme la Nature bâtit ses arbre, fait grandir ses cerfs, façonne ses roches, …

Pour nous inciter à la confiance, la Nature nous a aussi laissé quelques traces de verdure, notamment avec le Lierre, le Houx, l’If et surtout le Gui. Ce dernier croît entre le Ciel et la Terre, procédant des deux sans être véritablement ni l’un ni l’autre. Sa verdure hivernale nous rappelle qu’en sous-œuvre la Vie est à l’ouvrage, même si la sève ne circule pas. Lorsque les Druides vont aller cueillir ce Gui et nous proposer d’en ramener à la maison, ils nous invitent à revenir dans nos foyers – voire en nous-même – avec ce message à la fois simple et puissant : « Egi an ed ! », le blé se lève…

Le Feu est à l’Œuvre dans la Terre, comme dans le Ciel avec la présence de la constellation du Fourneau, invocation de l’Athanor alchimique. C’est aussi le temps de Persée, et avec elle des Héros, qui tous ont vaincu la mort à leur manière. Ils nous invitent immanquablement à suivre leurs exemples.

Cette période est aussi un bon moment pour méditer et prendre conscience du fait qu’en réalité la mort qui est autour de nous n’est qu’une apparence, voire une illusion (d’ailleurs des bourgeons peuvent déjà se former). Nous comprenons que c’est juste une pause, un temps de préparation à l’éveil et à la renaissance. Et nous comprenons aussi que pour que cette renaissance soit la plus belle possible, alors nous avons tout intérêt à la vivre en pleine conscience et en nous débarrassant de nos erreurs passées. L’obscurité du solstice d’hiver est faite pour que nous puissions mieux percevoir la Lumière qui est en nous. En plus du silence, nous pouvons aussi expérimenter le sentiment de paix.

Druide Arouez – Kredenn Geltiek

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire